Karen McNally | Bienvenue aux Actualités économiques de RBC Gestion mondiale d’actifs pour le printemps 2016. J’ai le plaisir d’accueillir Eric Lascelles, économiste en chef de RBC Gestion mondiale d’actifs, qui mettra en contexte les récents événements survenus sur le marché. Eric, je vous remercie sincèrement de vous être joint à nous. |
Eric Lascelles | Tout le plaisir est pour moi. |
Karen McNally | Commençons. Nous avons connu une fin d’année 2015 tumultueuse. Pouvez-vous dire comment se comportent le marché et l’économie depuis le début de 2016 ? |
Eric Lascelles | Hélas, la façon la plus simple de le dire est probablement la suivante : ils ne sont pas moins tumultueux. Comme vous l’avez mentionné, il y a eu de fortes fluctuations à la fin de l’année dernière. Certaines mesures ont enregistré des fluctuations encore plus importantes au début de 2016. L’année a commencé par un repli important, qui a été suivi d’une belle remontée, mais je crains que la période de volatilité ne soit pas encore terminée. Les conditions ont donc été très changeantes. À mon avis, la dégringolade initiale des marchés s’explique en partie par le sentiment que les responsables de la politique et les banques centrales n’ont pas fourni tout le soutien attendu. Elle s’explique aussi par le recul des prix du pétrole et la conviction des investisseurs, infondée selon moi, que cette chute allait plomber les marchés boursiers. Enfin, indéniablement – et c’est plus dans mes cordes –, la croissance économique a un peu ralenti. Cette première figure montre certains indicateurs avancés pour l’ensemble du monde, les pays développés et les marchés émergents. Vous pouvez voir qu’ils ont tous signalé un ralentissement général pendant quelque temps et qu’ils pointent encore dans la même direction. Le ralentissement de la croissance se poursuit donc à l’échelle mondiale et les risques de baisse sont assez importants ; nous parlerons plus tard. Le contexte macro-économique est loin d’être optimal. Je tiens cependant à souligner que nous restons en phase de croissance économique. Seulement, le rythme est moins rapide qu’avant et plus lent que prévu. Les risques sont assez élevés, mais il y a une différence entre le risque et la réalité : bien des risques ne se concrétisent jamais ou persistent pendant assez longtemps. En fin de compte, à RBC Gestion mondiale d’actifs, nous continuons à recommander une surpondération des actions. Nous l’avons réduite, parce que nous sommes un peu moins certains que la croissance sera positive et que le marché générera des gains, mais toutes choses étant égales par ailleurs, nous persistons à croire que c’est le scénario le plus probable. La situation est contrastée et il est difficile d’obtenir des perspectives macro-économiques claires. Néanmoins, ces difficultés ne justifient aucunement une sortie du marché boursier. |
Karen McNally | Les investisseurs sont véritablement inquiets. Dan, ces difficultés ont-elles changé quoi que ce soit à nos perspectives économiques ? À quoi doit-on s’attendre en 2016 ? |
Eric Lascelles | Je peux vous dire que ces facteurs nous ont obligés à revoir nos prévisions, de même que la correction des marchés des actifs. Nous nous sommes demandé si quelque chose nous avait échappé. Les corrections des marchés des titres de créance et des actions sont compréhensibles dans une certaine mesure, mais leur ampleur dépasse largement ce que la conjoncture économique permet de justifier, étant donné que nous prévoyons toujours une croissance, quoique faible. Les États-Unis seront le moteur de la croissance mondiale, mais l’apport de l’Europe augmentera aussi. Nous anticipons une récession dans certaines régions des marchés émergents, surtout au Brésil, mais un atterrissage en douceur en Chine, ce qui est important. La croissance devrait s’établir autour de 2 % à 2,5 % et l’inflation devrait commencer à remonter. La croissance sera donc modeste, mais c’est une année positive de plus pour l’économie mondiale. |
Karen McNally | D’accord. Les banques centrales ont réagi à cette faiblesse du marché en adoptant des taux d’intérêt négatifs. Cette mesure a-t-elle fonctionné ? |
Eric Lascelles | C’est une excellente question. L’actuel épisode d’assouplissement monétaire dure depuis de nombreuses années. Et je crois qu’il est loin d’être terminé. Au cours des derniers mois, la Banque du Japon a adopté des taux d’intérêt négatifs. La Banque centrale européenne a fait la même chose à la fin de l’an dernier et a depuis lors mis en œuvre d’autres mesures de stimulation de nature différente. Je commencerais par dire que les taux d’intérêt négatifs ne semblent pas aussi efficaces que d’autres outils utilisés par les banques centrales. Cela nuit aux banques et nous croyons comprendre pourquoi : les banques ne réagissent pas forcément de la manière escomptée en consentant davantage de prêts. De plus, pour plusieurs autres raisons, cette politique ne semble pas stimuler l’appétit de risque autant que l’ont fait, dans le passé, les mesures d’assouplissement quantitatif et les baisses de taux plus classiques. Néanmoins, elle a nettement réussi à faire baisser les coûts d’emprunt. En fait, la prochaine figure montre la courbe des rendements de quelques grands pays. Vous constatez que nombre d’entre eux peuvent maintenant emprunter – et ce, pour plusieurs années, dans certains cas – à un taux d’intérêt négatif. Le Japon en est l’exemple le plus incroyable. Le Japon peut emprunter pour une période de dix ans à un taux d’intérêt négatif. Il y a eu des avantages à réduire les coûts d’emprunt, si bien que cette mesure a été bénéfique sous certains aspects. Elle a engendré une certaine relance, mais elle n’a pas nécessairement été aussi efficace pour d’autres pans de l’économie. Nous pouvons extrapoler et affirmer que les banques centrales sont en train de réaliser qu’à eux seuls, les taux d’intérêt négatifs ne sont pas très efficaces. C’est pour cette raison que la Banque centrale européenne a récemment adopté un ensemble de mesures de stimulation. Ces mesures ont consisté à tirer les taux d’intérêt davantage en territoire négatif, à accroître les opérations d’assouplissement quantitatif et à fournir des liquidités aux banques. Cette combinaison de mesures a reçu un bon accueil. Je dirais donc que les banques centrales disposent encore d’une marge de manœuvre. Elles peuvent encore intervenir et elles l’on fait assez récemment. C’est la principale raison pour laquelle les marchés se sont redressés, je pense. J’ajouterais une ou deux autres remarques à ce sujet : la Réserve fédérale, la banque centrale des États-Unis, fait clairement cavalier seul en la matière. La Réserve fédérale a relevé les taux en décembre. À présent, comme elle l’a assez clairement indiqué, elle revoit son plan à la baisse. Autrement dit, elle donne à sa politique la même orientation que partout ailleurs, mais pas au point d’appliquer d’autres mesures de stimulation. Elle entend plutôt réduire son programme de relance un peu moins vite que prévu auparavant. Mais, elle s’est aussi engagée sur cette voie. Malgré ces perspectives plus sombres et nos prévisions de croissance économique assez modeste pour 2016, je pense que la Réserve fédérale relèvera les taux une ou deux fois. Elle semble encore vouloir le faire. C’est certainement justifié et cela exerce une légère pression haussière sur les taux obligataires. Cependant, d’après la tendance dominante, les taux obligataires et les taux d’intérêt devraient rester assez bas, sans doute jusqu’à la fin de 2016. |
Karen McNally | D’accord. Vous parlez souvent des risques de baisse. Ces risques semblent-ils s’intensifier ou diminuer ? Pouvez-vous nous en parler ? |
Eric Lascelles | Les risques me semblent importants, malheureusement. Ils sont présents depuis la crise financière, alors il ne faut pas prétendre qu’ils sont incompatibles avec un marché haussier. Les marchés ont progressé malgré la conjoncture de risque élevé, mais nous préférons, bien sûr, que le risque soit un peu plus faible. Je dirais que le degré de risque varie d’une certaine manière. Au début de 2016, les banques européennes ont suscité de façon temporaire des craintes assez vives, mais excessives selon moi. Il y a quelques problèmes à régler. Ce sont surtout les banques européennes qui soulèvent des préoccupations. Pourtant, ces banques semblent être solvables et disposent de liquidités suffisantes, grâce à l’aide de la Banque centrale européenne. Nous ne croyons donc pas qu’elles représentent un risque majeur ou qu’elles puissent provoquer des dégâts ailleurs. D’après moi, le risque lié au secteur des ressources semble s’atténuer un peu. On ne sait pas si le creux a enfin été atteint, mais la chute des prix des marchandises a nettement ralenti. Nous avons une assez bonne idée des conséquences de premier ordre de la baisse des prix des marchandises, et même de certaines conséquences de deuxième et de troisième plans. Rien d’agréable : il est évident que le Canada en souffre, mais nous sommes capables de relever ce défi. Dans ce cas, on ne parle plus de risque, mais de réalité Cependant, certains risques sont importants et pourraient s’intensifier. Il s’agit notamment de l’endettement. Nous pourrons parler, un peu plus tard, des risques liés à l’endettement des pays émergents. De façon générale, l’endettement est élevé et la situation est parfois précaire. La Chine représente aussi un grand risque. Nous n’entrevoyons pas de risque immédiat d’effondrement. Cependant, l’endettement y est excessif et la croissance économique, nettement plus faible. La situation géopolitique est aussi assez compliquée, notamment en raison des tensions au Moyen-Orient et des conflits dans différentes régions du monde. Dans certains cas, cependant, les problèmes sont de nature politique uniquement. À l’échelle mondiale, il existe une forte incertitude relativement à la politique. C’est le cas à l’égard de certains gouvernements européens, comme l’Espagne qui semble incapable de former un gouvernement. Au Brésil, on tente de destituer Dilma Rousseff. Au Royaume-Uni, la question du Brexit, ou sortie de l’Union européenne, sera tranchée en juin. Enfin, les élections se préparent aux États-Unis. Certains candidats, qui ne sont pas centristes comme le sont normalement les candidats à la présidence des États-Unis, engendrent aussi une certaine incertitude politique. Les risques géopolitiques sont donc élevés. J’imagine que tous ces risques peuvent se résumer en un seul, celui d’une récession. Permettez que je commence par affirmer qu’il y a toujours un risque. Le risque nul n’existe pas. La question consiste à savoir si le degré de risque est élevé ou faible. Par exemple, aux États-Unis, un pays important, le risque a nettement augmenté. Il reste inférieur à 50 % et nous n’y prévoyons absolument pas de récession. Toutefois, le degré de risque est probablement de l’ordre de 25 % ou 30 %. Cela peut se mesurer de différentes manières. L’une d’entre elles est illustrée sur la prochaine figure, qui montre la courbe des rendements. Quand la courbe s’aplatit et que les écarts s’amoindrissent, le risque de récession s’accentue. Normalement, l’atteinte d’un niveau négatif constitue un signal d’alarme. Pour l’heure, ce n’est pas le cas. D’après certaines mesures, le risque est assez léger, d’après d’autres, il l’est moins. Dans l’ensemble, nous sommes enclins à affirmer que le risque qu’il y ait une récession aux États-Unis au cours de la prochaine année est, à présent, d’environ 25 %. Il est donc nettement supérieur à la normale, nettement supérieur à ce qu’il était, mais très inférieur à 50 %. |
Karen McNally | D’accord. Comment se comportent les États-Unis et les autres pays développés à l’heure actuelle ? |
Eric Lascelles | Bien. Il est évident que les économies développées marquent le pas. Au cours des trois ou quatre dernières années, ce sont principalement les pays émergents qui ont vu leur économie ralentir. Fait intéressant, ces pays pourraient commencer à se stabiliser ; je ne veux pas l’affirmer avec trop de certitude ou de confiance, mais il est possible que ce soit le cas. Dans les pays développés, il semble qu’on assiste actuellement à un ralentissement alors que l’économie y était généralement stable auparavant. Nous avons donc observé une certaine décélération. Précisons que nous voyons encore de la croissance économique aux États-Unis. En fait, certains indicateurs sont assez encourageants. Le marché de l’emploi, par exemple, a affiché une tendance assez positive aux États-Unis. Diverses données se sont aussi avérées plutôt prometteuses. Toutefois, au-delà des apparences, les derniers chiffres du PIB semblent signaler un léger affaiblissement. Nous croyons comprendre pourquoi la croissance économique s’essouffle un peu dans les pays développés. L’une des raisons illustrée sur la prochaine figure est le resserrement des conditions financières. Le creusement des écarts de taux et la diminution de la disponibilité du crédit ont généré un vent contraire qui passe inaperçu si l’on se contente de regarder le taux des titres d’État à 10 ans. Ce vent contraire souffle néanmoins sur l’économie, et le climat d’incertitude sur la scène politique gagne en importance et freine la croissance. Si vous aviez une entreprise, seriez-vous disposé à investir sans connaître le contexte politique qui prévaudra aux États-Unis en novembre ou après le Brexit au Royaume-Uni ? Je crois que les entreprises adoptent une attitude attentiste en raison de ces facteurs d’incertitude. La croissance n’est pas forte, mais elle est au rendez-vous aux États-Unis. L’Europe ralentit aussi, mais cette région du monde ne nous inquiète pas. Le Japon a été malmené. Son économie s’est contractée récemment, et certaines données publiées dernièrement manquent de vigueur. Le pays a mauvaise réputation. Les choses ne vont peut-être pas aussi mal que le laissent entendre les données. Toutefois, le ralentissement est généralisé. Nous avons revu nos prévisions à la baisse. Encore une fois, il ne faut pas confondre croissance moindre et absence de croissance. La croissance reste positive presque partout. |
Karen McNally | D’accord. Vous n’avez rien dit de la Chine. Parlons-en. La Chine semble gagner en importance dans les économies mondiales et sur les marchés financiers. Que pensez-vous de la Chine à l’heure actuelle ? |
Eric Lascelles | Bien. La Chine a une grande importance. Et cette importance grandit avec le temps. Je pense que le marché a vraiment commencé à le comprendre au second semestre de l’an dernier. Cela a frappé l’esprit des investisseurs. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. La prochaine figure montre la part de la croissance mondiale attribuable à la Chine. Elle s’établit à plus de 30 %. On ne peut nier l’importance d’un pays qui génère environ le tiers de la croissance économique mondiale. La Chine est un moteur de croissance mondiale environ trois fois plus important que les États-Unis à l’heure actuelle. Très important donc. Au cours des six derniers mois, la monnaie, les actions, la dette et la croissance de la Chine ont soulevé bien des préoccupations. Les craintes relatives à la monnaie et au marché boursier nous semblent encore excessives. Il existe certains problèmes, mais ils ne sont pas immenses, à notre avis. En fait, la monnaie s’est stabilisée, les inquiétantes sorties de capitaux ont un peu ralenti et le marché boursier chinois a même inscrit un léger rebond. Je crois que nous pouvons mettre ces éléments de côté et nous intéresser plutôt à la dette et à la croissance. Certaines préoccupations que suscite la dette sont justifiées. La Chine est aux prises avec des problèmes de crédit, qui deviennent, pour certains, criants, mais le gouvernement s’y attaque et devrait être capable de les régler. En fait, ce facteur contribue au ralentissement de la croissance économique de la Chine. J’ai l’impression de me répéter, car je l’ai dit chaque fois que j’ai pris la parole au cours des cinq dernières années. C’était vrai et ça l’est encore : l’économie chinoise croît. Son taux de croissance est même enviable pour quiconque se trouve hors de Chine. Cependant, de toute évidence, ce rythme ralentit. Nous pensons qu’il diminuera à 6 % cette année et se situera entre 5,5 % et 6 % l’an prochain. Nos prévisions sont un peu inférieures aux prévisions générales, sans que ce soit un scénario d’atterrissage brutal ou d’effondrement. |
Karen McNally | D’accord. Eric, plus tôt, vous avez parlé des marchés émergents. Depuis plusieurs années, ces marchés connaissent un ralentissement. Cette tendance se poursuit-elle à votre avis ? |
Eric Lascelles | Bien. Comme je l’ai mentionné il y a un moment, et vous l’aurez remarqué, certains signaux indiquent que la croissance des marchés émergents se stabilise. J’espère que c’est le cas. Seul le temps le dira, mais je souhaite que la croissance atteigne son creux et rebondisse en 2016. Ce ralentissement a duré plusieurs années. Soyons clairs : la plupart des pays émergents sont certainement encore en croissance. En fait, globalement, ils ont une bonne longueur d’avance sur les pays développés. Ils nous ont tellement habitués à des résultats exceptionnels que les gens sont un peu déçus. L’une des craintes que suscitent les marchés émergents est liée à leur endettement élevé. Les sociétés sont fortement endettées dans ces régions. La prochaine figure montre que par rapport à la taille de l’économie des pays respectifs, les sociétés des pays émergents sont maintenant plus endettées que celles des pays développés. Les sociétés ont tablé sur la faiblesse des taux, qui persiste bien que la Réserve fédérale songe à les relever à nouveau. Elles ont tablé sur la faiblesse du dollar US, mais le dollar s’est apprécié, ce qui complique un peu les choses. Elles ont misé sur le fait ces pays pouvaient continuer à croître assez rapidement. Or, on sait que leur rythme de croissance a ralenti. Même si je ne connais pas exactement leur importance, je suis convaincu que l’endettement des sociétés des pays émergents engendre certains risques. En fin de compte, lorsqu’on élargit l’horizon au-delà de la Chine, le plus grand des marchés émergents, qu’en est-il des autres pays du BRIC ? Le Brésil et la Russie éprouvent encore des difficultés liées au choc des ressources et, dans le cas du Brésil, à la politique. Nous estimons donc que leur croissance restera modeste cette année. Nous n’entrevoyons pas de reprise majeure dans ces pays. En revanche, l’Inde est le plus dynamique des quatre pays du BRIC. Elle se porte plutôt bien. Nous pensons qu’elle continuera à progresser. Selon nous, il faut miser les pays qui profitent de la faiblesse des prix des marchandises, qui conservent leur avantage concurrentiel, qui entreprennent des réformes structurelles et qui n’ont pas trop recouru au crédit au cours des cinq à dix dernières années. Il faut se montrer sélectif, mais il y a certainement des pays qui répondent à ces critères. En fin de compte, et c’est une faible consolation parce que ce segment a été malmené ces dernières années, du point de vue de leur valeur absolue, les actions des marchés émergents semblent très abordables. Cela ne signifie pas pour autant qu’elles grimperont demain. Cela se produira ou pas. En attendant, elles ne sont pas chères. |
Karen McNally | D’accord. Eric, parlons du Canada. Le Canada commence-t-il à se remettre des conséquences du choc pétrolier mondial ? |
Eric Lascelles | Un peu, je pense. Les indicateurs ne sont pas aussi faibles qu’ils l’étaient au premier semestre de l’an dernier, par exemple. À ce moment-là, on se demandait si on était en récession. Le risque de récession existe encore, mais je peux affirmer empiriquement que la croissance du PIB était positive en décembre, que les chiffres de janvier semblent satisfaisants et que nous connaissons au moins une légère croissance. Cela dit, notre indicateur avancé reste assez faible. Nous pouvons d’ailleurs le constater sur la prochaine figure. Comme notre indicateur avancé pour le Canada semble avoir glissé depuis le début de 2016, nous prévoyons de la croissance, mais pas beaucoup. Il faut prendre en considération les forces opposées : d’une part, une nuisible faiblesse des prix des marchandises et les baisses de taux de la Banque du Canada et, d’autre part, la demande raisonnablement stable des États-Unis et le soutien qu’apporte un huard faible. La faiblesse du huard commence à porter ses fruits, vu que les exportations hors énergie augmentent à un rythme assez soutenu. Toutefois, comme le huard s’est considérablement apprécié, ce rythme risque de ne pas se maintenir. Il y a plusieurs facteurs d’incertitude à l’heure actuelle. Selon moi, on peut s’attendre à une certaine croissance, mais elle sera faible. Le marché de l’emploi s’est montré étonnamment résistant en 2015 et représente donc un léger risque en 2016. D’ailleurs, l’emploi a reculé au Canada au cours de trois des quatre derniers mois. L’année 2016 sera une année de croissance lente, qui s’améliorera un peu vers la fin de l’année, grâce aux mesures de stimulation budgétaire et, comme je l’espère, à la remontée des prix du pétrole. Il ne faut cependant s’attendre à rien d’exceptionnel. Au bout du compte, tout dépend de la province où on se trouve, car il y a d’énormes disparités entre les régions : l’Alberta, la Saskatchewan et Terre-Neuve souffrent du contrecoup de la chute des ressources. En Ontario, en Colombie-Britannique et, dans une moindre mesure, au Québec, la croissance économique est, au pire, normale, ou supérieure à la normale. Tout dépend de la région. |
Karen McNally | D’accord. Pouvez-vous résumer les faits saillants ? |
Eric Lascelles | Tout à fait. Avec plaisir. La prochaine figure donne une bonne vue d’ensemble des événements ou, du moins, des défis auxquels nous sommes confrontés. La croissance a diminué ; les risques sont substantiels et peut-être plus nombreux ; le marché a perdu confiance. À juste titre. La croissance a ralenti. Les risques sont considérables. Il faut absolument en tenir compte. Gardez à l’esprit, cependant, que notre hypothèse de base prévoit que la croissance persistera et que les risques resteront raisonnables. Rappelez-vous aussi que les investisseurs actifs sont capables de tirer parti des turbulences. La situation actuelle comporte donc certains avantages. Lorsque j’analyse chaque marché, je constate que depuis bien des années, les obligations sont chères. Elles le resteront sans doute, à mon avis. Cela signifie que les rendements en revenu restent assez bas ; c’est le cas actuellement, mais la situation ne durera pas forcément éternellement. Les marchés boursiers se situent autour de leur juste valeur. Certains sont même très abordables. Les occasions ne manquent donc pas. Le dollar américain a pris une pause récemment, mais son ascension n’est pas terminée. Le dollar canadien recommence à glisser et il pourrait tomber en deçà des niveaux atteints récemment, ce qui conforte nos prévisions. Enfin, en ce qui a trait aux marchandises, comme nous l’affirmons depuis longtemps, la chute des prix a été exagérée et les prix sont sans doute trop bas. Ils commencent à remonter. Nous verrons si la hausse sera linéaire. Ce ne sera probablement pas le cas. Néanmoins, au cours de l’année prochaine, les prix du pétrole, notamment, devraient monter légèrement. |
Karen McNally | Merci, Eric. C’était très intéressant et nous espérons vous revoir pour les Perspectives économiques de l’été 2016. Pour toute question sur la conjoncture pour les investisseurs, veuillez vous adresser à votre conseiller RBC dès aujourd’hui. |